NE PAS VIVRE D'AMOUR ET D'EAU FRAICHE
Nous avons passé quelques semaines de pur bonheur ensemble. Mi-septembre, j'avais décidé de prendre (enfin) des vacances. Nous avons passé un WE ensemble avant que je parte, un WE désastreux. Je ne me souviens plus précisément des raisons. J'imagine qu'il y avait un mélange de ces incessants questionnements de ton côté, et de rancoeur du mien. Tu te demandais une fois de plus à quoi bon ? Et je me révoltais que tu ne t'engages pas avec moi. J'en devenais désagréable, susceptible, jalouse à l'excès, étouffante. Tu remettais d'autant plus en cause notre relation...
Je suis partie en vacances avec ma soeur sans certitude de te retrouver à mon retour. Nous sommes allées une semaine à Marseille, Cassis, La Ciotat, ton pays. Tu étais présente dans chaque rayon de soleil. Ma soeur était là, et elle m'a apporté un grand souffle de fraîcheur, de joie, malgré tout. Nous avons beaucoup ri, comme toujours. Pourtant j'avais toujours ce pincement au coeur : je pensais à toi, à nous, à cette partie perdue d'avance mais pour laquelle je me battais depuis plus de 6 mois tout de même. Malgré les peines, les déceptions, les trahisons, j'y croyais encore. Un filet d'espoir coulait toujours, suffisant pour alimenter le cours de mon amour pour toi. Pourtant tu étais extrêment distante, au téléphone, par tes messages. Un soir tu m'as appelée, et tu m'as dit que tu ne viendrais pas me chercher au train à mon retour. Que c'était vain, inutile. Que notre histoire n'avait aucun sens. Que tu te sentais étouffée, et que tu avais besoin d'un homme. J'ai pleuré un peu, je crois. J'ai tâché de te convaincre du contraire, je t'ai dit que je t'aimais, et tu m'as répondu par un long silence. J'aurais voulu voir ton visage, ton regard, mais je n'entendais que ce silence pesant. Alors j'ai répété :
- Je t'aime
- ...
- Tu ne dis rien ?
- ... Je ne sais plus...
- Tu ne sais plus quoi ?
- Si... Si vraiment on s'aime, pourquoi on se dispute tellement ?
- Parce que tu compliques tout. Parce que je n'ai pas ce que je veux, et que tu n'as pas non plus ce que tu veux.
- Tu vois... Alors à quoi bon ?
- Je n'en peux plus de me battre seule pour nous. Je suis épuisée de cette lutte. J'ai dans ma gorge tous ces mots que je pourrais te dire pour te retenir, mais ils m'étranglent. Pourtant je t'aime, oh oui tellement. Mais même ça tu n'es plus capable de me le dire.
- ...
- Je suis en colère contre toi. Pourquoi être venue me rechercher ? Pour en arriver là de nouveau un mois plus tard ? Je ne t'ai demandé aucune promesse, mais... Ca fait mal.
- Je suis revenue parce que je t'aime. Je ne peux plus continuer parce que je ne l'assume pas. Vraiment pas.
- ...
- Donne nous un dernier WE ensemble. Je ne veux pas garder ce souvenir de nous. Viens me chercher au train vendredi. Viens, s'il te plaît. Tu m'avais promis... Je t'attendrai.
- Je ne sais pas...
Je n'ai pas réussi à obtenir plus que ce "je ne sais pas", une fois de plus. "Ta" phrase. Je me sentais lasse, triste, fatiguée. J'ai attrapé ma soeur, la bouteille de Rhum et nous sommes descendues jusqu'à la Plage en riant. Pourtant l'amertume hantait mon corps, et la rancune gagnait mes pensées. J'essayais de te mettre de côté, je ne voulais pas gâcher cette semaine de vacances avec ma soeur, il y avait si longtemps qu eç ane nous était pas arrivées, et nous étions vraiment heureuses de nous retrouver là toutes les deux. Difficile malgré tout d'oublier temporairement ce chagrin que tu me causais. Lorsque nous sommes rentrées, vacillantes, nous coucher, ma soeur s'est vite endormie et j'ai cherché le sommeil longtemps encore. Une pensée insistante battait mes tempes, une aspiration par dessus toute autre : j'espérais que tu serais là, au train, deux jours plus tard. Mais l'incertitude la plus totale accompagnait cet espoir sans lendemain...
(SUIVANT)