FORGER LES ETRES DE DEMAIN
Il y a des périodes, juste comme ça, sans raison où je n'arrive rien à écrire ... Je m'acharne, et c'est de pire en pire. Je m'entête, parce que souvent ce sont les moments où j'en aurais le plus besoin, mais rien n'arrive à sortir, que du médiocre.
Alors je fouille dans mes photos, j'en trouve une que j'aime. Une, puis deux ... chacune me renvoie à des souvenirs, plus ou moins enfouis, plus ou moins chéris.
Et ces photos, sur lesquelles je jette quelques mots, prennent un nouveau sens, un double sens. Pour celle-ci par exemple : je l'ai prise cet été, ma soeur ferrait ma jument. Excellent souvenir donc, tout ce qu'il faut pour être heureuse, une belle journée, ma soeur adorée, une petite rando en projet. Aujourd'hui si c'est celle ci que je choisis pourtant, c'est pour une toute autre raison ... C'est le coup du marteau et de l'enclume qui m'interpelle, et les questionnements qui vont avec. L'enclume qui absorbe les chocs, le marteau qui frappe, et au milieu, prise au piège entre le marteau et l'enclume, la matière, maléable, le métal chauffé à blanc, qui se déforme, mais qui prend forme aussi. Fragile, à la merci d'un coup de marteau mal placé, ... pourtant, dans quelques instants, une fois trempée dans l'eau, cette matière deviendra objet, solide et à l'épreuve du temps. Voilà. Ce moment, celui de sa formation, déterminera la forme qu'elle prendra, et la fonction qu'elle aura.
Je suis matière aujourd'hui, je ne vois pas vraiment les mains qui me forgent, mais je les espère talentueuses et respectueuses de mon essence.